Artiste pluridisciplinaire, Emery cherche dans son travail l'impression de vie, l'émotion comme une nature figée qui exulte. Sa pratique se veut l'expression d'un métissage culturel, hymne à la diversité et à l'ouverture.

Oscillant entre humour et drame, récit personnel et mémoire collective, l'artiste use de divers médiums pour parvenir à un visuel idyllique, afin de captiver l'attention du spectateur et le confronter aux tensions contradictoires, aux illusions et au fossé entre une vision idéale et l’état réel des choses.
L’Homme au fil des tableaux est en tenue de vérité, Emery aborde le nu comme un langage enfoui en nous, mais aussi un miroir que l’émotion polit, et dans lequel chacun peut percevoir un peu de son reflet, sorte d’universalité souvent oubliée.
Auréolées d'or et de lumière, ses muses faites divinités irradient soudainement. Un clin d'œil satyrique aux déficits de représentation qui l'ont marqué enfant et au processus d’identification ancrés dans l'inconscient collectif en passant par une héroïsation et une sanctification de sujets afro traditionnellement exclus des représentations du pouvoir.
À l'anthropomorphisme et au symbolisme se joint le maniérisme révélateur des attitudes de rupture avec le réel. Les regards, les gestes, les attitudes étant autant de paroles sourdes que nous entendons pourtant si nous voulons entendre.

Il puise son inspiration visuelle partout, aussi bien des images sur la toile que des tableaux emblématiques de l’histoire de l’art et créé ainsi des collisions entre l’histoire de l’art et la culture populaire .
En regardant une pièce en profondeur, on peut voir comment il emprunte le ciel à un paysage, les rochers à un autre, les arbres à un autre encore. Cette sorte de superposition où s’entremêlent arts décoratifs, culture savante et culture populaire permet à l’artiste d’aborder différentes représentations du pouvoir et de mettre en avant la façon dont celui-ci peut être fabriqué artificiellement par un peintre.
C'est ainsi qu’il nous livre sa version du célèbre Adam et Eve de Fabre, d'après une photo de l'Atelier de François Rousseau ou son illustration du livre « Sitou et la rivière de la nudité » incluant une baigneuse de Gustave Courbet.
Les résultats sont des paysages reconnaissables à beaucoup, mais familiers à aucun. Les décors sont oniriques, la plastique des corps est voluptueuse, les ports sont altiers et l'attitude énigmatique. L'ensemble est assurément spirituel, résolument sensuel, délicieusement kitsch.
“Je peins en noir et blanc pour échapper aux traditions du réalisme classique…”
Retrouvez les oeuvres de Emery Baï à La Tribu du 1er au 31 juillet, soirée de vernissage le mercredi 6 juillet à partir de 19H00 !